Yalqout Yossef : Tome 9

1) La fête de Chavou’ot  est célébrée le six Siwan, à la fin des quarante-neuf jours (sept semaines) de la Sérifat Ha’Omer. C’est pour cela que cette fête s’appelle Chavou’ot, fête des semaines, comme il est dit (Devarim/ deutéronome 16,9-10) : « tu compteras sept semaines… et tu célébreras la fête de Chavou’ot en l’homme de l’Eternel, ton Dieu ». Mais pourquoi le texte fait-il dépendre de la fête de Chavou’ot d’un compte, ce qui n’est pas le cas pour aucune des autres fêtes ? C’est parce que lorsqu’ils sortirent d’Egypte, les enfants d’Israël se virent annoncer qu’ils recevraient la Torah cinquante jours plus tard, comme il est dit (Chémot / Exode 3,12) : « lorsque tu feras sortir le peuple d’Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne ». Or « vous servirez », ta’avdoun, est écrit avec un « noun » supplémentaire, d’une valeur numérique de 50, en allusion aux 50 jours à la fin desquels ils allaient recevoir la Thora. Les enfants d’Israël, animés d’un grand amour pour la Torah, commencèrent à compter, dès la sortie d’Egypte « Un jour à passé», « deux jours », et ainsi de suite, car dans leur impatience, ce temps leur semblait long et ils anticipaient avec joie le moment où ils recevraient la Torah. C’est pourquoi ce compte fut fixé pour les générations suivantes également.

 

2.       2) D’après certains décisionnaires, le soir de Chavou’ot il faut attendre qu’il fasse vraiment nuit avant de faire le Kiddouch (Vingt minutes environ après le coucher du soleil).   En effet, si on faisait le Kiddouch avant la tombée de la nuit, ce serait comme si on enlevait une partie du quarante neuvième jour du compte du ‘Omer, alors qu’il est écrit (Wayikra/ Lévitique 23,15) : « Ce seront sept semaines entières ». Mais d’autres sont d’avis qu’on n’a pas à faire attention à cela, l’habitude étant de dire le Kiddouch avant la tombée de la nuit. A priori, il est donc préférable d’attendre vingt minutes au moins après le coucher du soleil pour faire le Kiddouch, en particulier dans nos régions où il n’est pas bien difficile de se conformer à cette opinion et d’attendre la nuit. En cas de besoin, on peut faire le Kiddouch avant la tombée de la nuit.

 

 

3.       3)Le soir de Chavou’ot, on peut faire la prière de ‘arvith avant la tombée de la nuit, comme on le fait les autres soirs, et il n’est pas nécessaire d’attendre qu’il fasse vraiment nuit, même si on se montre plus strict en ce qui concerne le Kiddouch.

 

4.       4)Il est évident que si on oublie de réciter la bénédiction de Chéhé’héyanou, on ne peut plus la faire après la fête, même pas au cours des sept jours suivants.

 

 

5.       5)Le soir de Chavou’ot, de même que le soir de Roch Hachana, on n’a pas besoin de manger le pain (sur lequel on a fait Hamotsi) avec un aliment doux. On peut donc le manger avec des salades ou des condiments.

 

6.       6)Dans toutes les communautés, on a adopté la coutume de rester éveillé toute la nuit de Chavou’ot et étudier la Torah jusqu’à l’aube, comme l’indique le Zohar : « les premiers ‘Hassidim ne dormaient pas toute cette nuit-là et étudiaient la Torah » « Allons, disaient-ils, prendre possession de notre saint héritage, pour nous et pour nos enfants, dans les deux « mondes ». « Tous ceux qui font le Tikoun cette nuit-là et qui s’y réjouissent, dit encore le Zohar, seront inscrits dans le Livre de Souvenirs, et le Saint Bénit Soit-Il leur accorde les 70 bénédictions et couronnes du monde supérieurs ». D’autres part, les A’haronim donnent une raison à cette coutume de rester éveiller la nuit de Chavou’ot : lors du Don de la Torah, les enfants d’Israël dormirent toute la nuit, et Dieu fut obligé de les réveiller par le tonnerre et les éclairs qui précédèrent le Ma’amad har Sinaï. Nous devons donc réparer cette négligence en restant nous-mêmes vigilants toute la nuit à étudier la Torah. Cet usage ne concerne que les hommes, et pas les femmes.

 

 

7.     7) Si on veut agir au mieux, il est préférable de tenir l’opinion des Kabalistes et, la nuit de Chavou’ot, étudier en groupe le Tikoun imprimé dans le Séfer Qeriyei Mo’ed plutôt que d’étudier la Guemara.          Mais si les étudiants des Yéchivoth sentent qu’ils gagneront à étudier la Guemara avec zèle et assiduité, il n’y pas à les empêcher, et cela se justifie. Certains ont l’habitude d’étudier le Sefer Hamitswoth du Rambam. Mais lorsque la plus grande partie de la communauté lit le Tikoun, un particulier ne doit pas s’en séparer pour étudier la Guemara ou Rambam.

 

8.       8) Il faut éviter toute conversation inutile ou qui ne porte pas sur des sujets de Torah pendant le nuit de Chavou’ot et ne pas gaspiller ces heures précieuses à des futilités. Rester assis sans rien faire équipant à dormir. D’après la Kabala, on n’étudie pas de Michna cette nuit-là. On récitera le Chema avant ‘hatsoth, surtout si on l’a dit avant la tombée de la nuit. S’il y a un Talmid ‘hakham dans l’assistance, il serait bon qu’il explique les passages de la Guemara, du Midrach et des 613 Mitswoth bien clairement, à l’aide de Aggadoth intéressantes, afin que le public ne s’endorme pas ; les mérites de toute la communauté lui reviendront.

 

 

9.       9) On ne récite pas les bénédictions de la Torah qu’après le lever du jour. Les horaires du lever du jour indiqués dans le calendrier ne suivent pas  l’opinion du Maran ni des décisionnaires dont nous suivons les enseignements.

 

10.   10) Ceux qui sont restés éveillés toute la nuit de Chavou’ot ont également l’obligation de réciter les bénédictions de la Torah ; c’est l’usage le plus courant, et la règle qu’on ne récite pas de Bénédiction en cas de doute ne s’applique pas lorsqu’un usage fermement établi existe. Certains poussent la piété jusqu’à s’efforcer d’écouter ces bénédictions lorsque quelqu’un qui a dormi pendant la nuit les dit, mais tel n’est pas l’usage.


 )   11) Nous avons l’habitude de réciter toutes les bénédictions du matin à l’exception de celle de ‘Al Nétilat Yadayim et de acher yatsar, à moins qu’on ne soit allé au toilettes et qu’on doive alors de toute façon réciter cette bénédiction ; mais on ne dit pas ‘Al Nétilat Yadayim (dans ce cas non plus).

 

   12) On s’efforcera d’être aussi fort qu’on lion pour la prière du matin et de ne pas se laisser gagner par le sommeil, pour ne pas perdre le salaire de sa miswa si on en venait à somnoler pendant le Chéma’ ou la ‘amida. On aura soin de  ne pas somnoler pendant la lecture de la Torah non plus, puisqu’on fait la lecture des dix commandements et que nos Sages Zal nous disent : « Mes enfants, déclare Hachem, faites chaque année (à Chavou’ot) la lecture des dix commandements. Je vous compterai comme si vous vous teniez devant moi au mont Sinaï et que vous recevriez la Torah ! »

 

    13) Certains ont l’habitude de se lever pour écouter cette lecture, mais c’est un usage incorrect, cela laissant supposer que ce passage seul est d’origine Divine, et que le reste ne l’est pas – ‘Hasse Wéchalom (Que nous D. nous en préserve) – On encourage donc l’erreur en se levant, et il faut empêcher ceux qui le font, surtout dans les communautés où les Talmidei ‘Hakhamim restent eux-mêmes assis : se lever est alors un principe de fatuité. Quelqu’un dont le père ou le Rav sont appelés à la Torah, se lèvera des que celui-ci monte sur le Bima, ce qui ne soulevé aucune objection. Le gabaï, lorsqu’il vend les Miswot, ne doit pas non plus annoncer qu’il s’agit d’une paracha « importante », ni faire une autre déclaration de ce genre. Il est d’ailleurs interdit  de lire chaque jour le passage des dix commandements en public, mais celui qui le lit à titre individuel a une certaine justification à cela.

 

   14) Quelqu’un qui se trouve dans une communautés où les fidèles ont l’habitude de se lever pour les dix commandements, et qui n’a pas la possibilité de leur faire abandonner cette habitude, se lèvera depuis le début de la paracha ou, au moins, à partir du moment où l’on a appelé la personne pour la ‘aliya au cours de laquelle on fait la lecture des dix commandements, de façon à ne pas rester seul assis parmi ceux qui se lèvent, comme si on méprisait la sainteté des dix commandements.

 

   15) On a l’habitude de garnir la maison et la synagogue de plantes odoriférantes et de roses, etc…, en l’honneur de la fête de Chavou’ot, en souvenir de ce que disent nos Sages Zal (Chabbat 88b) : « A chacune des paroles prononcés par D., le monde tout entier fut rempli de parfums », car il est dit (Chir Hacirim/ Cantiques des Cantiques 5,13) : « ses lèvres sont des roses qui distillent la myrrhe ». On décore de même la maison et la synagogue avec des branchages, en allusion au verset à ce  que disent nos sages (Roch Hachana 16a) :« A ‘Atséreth (Chavou’ot), nous sommes jugés en ce qui concerne les fruits des arbres ». Certains contestent cet usage. On permet néanmoins de l’observer parce que pour nous la coutume à force de loi, en particulier lorsqu’il s’agit d’une coutume ancienne rapportée par nos Sages Zal.

 

   16) On l’habitude de consommer des aliments lactés à Chavou’ot, et certains ont également l’habitude de consommer du lait et du miel, en allusion à la Torah qui est comparée au lait et au miel, comme il est dit (Chir Hachirim/ Cantiques des Cantiques 4,11) : « Sous ta langue, le lait et le miel ». D’autres expliquent l’usage de manger des aliments lactés de la manière suivante : nos ancêtres, en même temps que les dix commandements, reçurent au Sinaï toutes les lois de la Torah (c’est aussi ce que dit le Rav Sa’adia Gaon, qui explique que toutes les lois de la Torah sont incluses dans les dix commandements). Or, lorsqu’ils revinrent du don de la  Torah, ils ne trouvèrent rien d’autre à manger que des aliments lactés, la viande demandant une grande préparation : abattage rituel, vérifications du couteau qui doit être absolument conforme à toutes les exigences halakhiques, extractions de toutes les parties graisseuses interdites et du nerf sciatique, salage, rinçage, cuisson dans des ustensiles de cuisine neufs, les ustensiles ayant servi moins de 24 heures auparavant étant interdits puisque les aliments qu’on y avait fait cuire avant le Don de la Torah n’étaient pas Kacher après. Ils durent donc se contenter d’aliments lactés, et c’est en souvenir de cela que nous en mangeons aussi.

 

17) Il faut veiller à attendre six heures entre la consommation de la viande et du lait ; nous avons l’habitude de manger des aliments lactés d’abord, et des aliments carnés ensuite, après nous être convenablement nettoyé la bouche. Il est recommandé de manger la viande de boucherie afin d’accomplir l’obligation de se réjouir pendant la fête, ce qu’on ne peut véritablement faire qu’avec de la vrai viande et du vin. On boira aussi du vin en l’honneur de la fête. Mais on n’abusera ni de l’un ni de l’autre, et on évitera le rire et la légèreté, ces conduites n’étant pas synonymes de joie mais de frivolité, et nous n’avons le devoir de nous réjouir que pour mieux servir D.


   18) On ne danse pas et on ne tape pas des mains le jour de Yom Yov, de crainte qu’on vienne à réparer des instruments de musique (Guémara Beitsa 36b). A plus forte raison il est interdit de jouer d’un instrument de musique ou de faire marcher un tourne disque ou un magnétophone, même si c’est instruments sont programmés depuis la veille de la fête. Il faut empêcher ceux qui le permettent car cela n’a aucune justification.


   19)On s’effrocera de tout son possible d’étudier la Torah le jour de la fête, selon la parole des Sages : « moitié pour D., et moitié pour vous » (Guémara Pessa’him 68b). On a l’habitude de lire les Azharoth rédigées par Rabbi Chelomo ibn Guevirol et d’autres textes de ce genre, mais il est préférable d’étudier le Sefer Hamiswoth du Rambam, miswoth positives et miswoth négatives, qui apporte des conclusions halakhiques. Il est bon également de lire les Téhilim/Psaumes car le roi David est mort à Chavou’ot. On a aussi l’habitude de lire la Méguilat Routh à Chavou’ot, sans réciter de bénédictions.


    20) Il est défendu de jeûner le lendemain de Chavou’ot (issrou ‘hag) et il est interdit d’y faire des oraisons funèbres. Certains pensent d’ailleurs que tel est toujours le cas les lendemains de fête. Dans certaines communautés, on a l’habitude de ne pas travailler le lendemain de Chavou’ot (issrou ‘hag) ; c’est donc un des cas de choses permises que certains s’interdisent et on n’a pas le droit de le permettre en leur présence. On a l’habitude de faire des repas un peu plus copieux le issrou ‘hag.


    21) L’usage séfarade est de ne dire ni ta’hanoun, ni widdouï, ni lamenaséa’h (psaumes 20), ni téfila leDawid depuis Roch ‘Hodesh Siwan jusqu’au douze Siwan compris, parce qu’il est encore permis d’apporter le sacrifice individuel de la fête de Chavou’ot durant les sept jours qui suivent.


   22) Lorsqu’on fait don d’un Sefer Torah à une synagogue le jour de la fête de Chavou’ot, c’est comme si on apportait une « nouvelle offrande » à D. en son temps. Il est permis de sortir et de transporter le Sefer dans le domaine public en grande pompe, même là où n’existe aucun érouv, parce que c’est pour les besoins d’une miswa, mais il serait bon qu’on en lise ensuite qu’un verset a la synagogue : de cette façon, son transport aura été utile pour le jour même de la fête.


    23) On s’efforcera de dire quelque ‘hidouch expliquant un passage des Richonim par exemple, car dire quelque chose de nouveau le jour où nous avons reçu la Torah est un bon signe pour toute l’année à venir. Si on n’est pas capable, on s’efforcera au moins d’écouter des ‘hidouchim qu’on ne connaissait pas. Il faut avertir les gens qu’il ne convient pas de dormir tout la journée, mais de se fixer des moments pour l’étude pendant la journée, une fois qu’on se sera reposé de la veille nocturne.


    24) Dans certaines communautés, le chamach de la synagogue a l’habitude de distribuer des herbes odoriférantes aux fidèles après Baroukh chéamar. Cet usage va à l’encontre de la halakha, et on aura donc soin de ne respirer ces parfums qu’après l’amida.

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